Le 8 mars marque la Journée internationale des Droits des femmes. C’est l’occasion de revenir sur la place qu’elles occupent dans nos différents pays d’intervention. Le Laos, le Cambodge, le Vietnam et les Philippines présentent chacun des particularités, mais témoignent tous d’une évolution récente positive dans l’accès des filles à l’éducation. Par exemple, au Cambodge, d’après les statistiques de la Banque mondiale, le taux d’alphabétisation des femmes de plus de 15 ans serait passé d’un peu moins de 57% en 1998 à 75% en 2015.
Bien que la situation évolue, l’accès à l’éducation reste encore difficile et dépend de divers critères : la situation géographique, le sexe et l’appartenance ethnique. Ces trois éléments aggravent les inégalités. Des milliers d’enfants terminent leurs études primaires sans maîtriser les compétences fondamentales nécessaires pour passer au secondaire.
Au Laos, par exemple, le lao est la langue utilisée dans l’enseignement, pourtant à peine plus de la moitié de la population ne la parle. Les enfants qui ne maîtrisent pas cette langue ne sont pas en mesure de recevoir une éducation appropriée. Et les différentes ethnies ne sont pas égales face à cela : à l’école secondaire du village d’Ano qu’Enfants d’Asie soutient, les filles Akkha ne représentent cette année que 13% des élèves, contre 27% pour les Hmongs, et 47% pour les Khamus. La situation est similaire au Vietnam, qui compte 54 ethnies reconnues par l’Etat vietnamien. Ces populations sont souvent exposées à des conditions de vie difficiles, dans les zones les plus reculées. Elles connaissent également les taux les plus hauts d’analphabétisation et de pauvreté.
Les lacunes persistent jusqu’à l’accès aux études supérieures. Au Cambodge, en 2018, seulement 12 % de filles sont inscrites dans l’enseignement supérieur. Et seulement 25% d’entre elles obtiennent le diplôme de Maitrise. De nombreuses filles n’ont pas accès à l’enseignement supérieur en raison de la pauvreté. Nombreuses sont celles qui ont dû abandonner l’école pour trouver un emploi peu qualifié afin de subvenir aux besoins de leur famille.
La crise sanitaire liée au Covid-19 n’a fait que renforcer cette fracture, les filles étant plus susceptibles d’être déscolarisées afin de travailler pour subvenir aux besoins de familles dont les ressources ont considérablement diminué cette dernière année.
Les disparités se retrouvent également dans l’occupation des postes de travail. Les emplois sont principalement détenus par les hommes. Au Laos, le taux d’activité pour les femmes est de 36%, contre 45% pour les hommes. Les femmes sont moins avantagées en termes de qualité de travail (conditions de travail, sécurité de l’emploi), et les écarts persistent en termes de salaires. Seulement 52% des femmes laotiennes ont un emploi rémunéré à Vientiane dans la capitale, et 37% dans le reste du pays.
Ces données varient selon les pays. L’Asie du Sud-Est a connu un changement économique majeur au cours de la dernière décennie. Les opportunités économiques ont amélioré l’accès des femmes à un travail décent. Depuis 2 décennies, le Vietnam est un des pays en Asie à avoir un taux de participation des femmes à l’économie le plus élevé de la région. Les femmes ont su se faire une place en faisant fi de la tradition. En augmentant leurs sources de revenus, elles ont pu acquérir une plus grande indépendance. Environ 79% des femmes âgées de 15 à 64 ans exercent un travail rémunéré (contre 85% des hommes).
Depuis quelques années, le nombre de femmes ayant accès à une éducation et à des opportunités d’emploi continue d’augmenter. Les Philippines sont classées dans le top 10 du Global Gender Gap Report. Ce rapport, publié pour la première fois en 2006 par le Forum économique mondial, est un indicateur de l’égalité des sexes dans 153 pays. Pour mesurer cet écart, l’indice se fonde sur quatre domaines : la santé, l’éducation, l’économie et la politique ; et compare les écarts des femmes par rapport aux hommes.
Des progrès restent à faire pour atteindre une réelle équité, et pour que les femmes obtiennent encore plus de responsabilités et d’autonomie. Ce sont deux éléments indispensables au développement d’un pays. L’éducation en est la clé. Permettre aux jeunes filles d’avoir accès à une éducation de qualité et aux études supérieures est un défi permanent pour les sortir de la pauvreté. Enfants d’Asie a ainsi centré plusieurs de ses programmes sur l’éducation des filles. C’est notamment le cas au Vietnam où Enfants d’Asie soutient la scolarisation de jeunes filles de minorités ethniques et plus tard leurs études supérieures à Hô Chi Minh Ville. Dans le Delta du Mékong nous accompagnons également plusieurs centaines de jeunes filles de la primaire aux études supérieures.