Je me suis engagé avec Enfants d’Asie en décembre 2018, cela fait donc bientôt un an que je suis en poste au Cambodge en tant que responsable des programmes. Mon parcours professionnel s’est dessiné autour de la protection de l’enfance et de l’éducation. Après quelques années sur des positions d’éducateurs, j’ai fait le choix d’entreprendre un Master en coordination de projet dans la solidarité internationale pour travailler davantage à l’étranger.
Le poste que me proposait Enfants d’Asie venait parfaitement faire le lien entre mes expériences et mes nouveaux projets.
La mission qui m’a été confiée a plusieurs axes :
- Le premier étant de mettre en œuvre la décision prise de redéploiement de nos actions. Nous avons donc travaillé avec Julie, directrice pays, pour établir un plan d’action et commencer à redéployer nos activités en montant de nouveaux programmes. Ces programmes sont notamment destinés à soutenir des enfants externes, c’est à dire vivant dans leur famille et scolarisés dans des écoles partenaires sélectionnées.
- Un autre axe important de l’association est de mettre en œuvre un suivi de nos bénéficiaires plus axés sur des aspects sociaux et éducatifs. En effet, les problématiques au Cambodge ont beaucoup évolué et la difficulté pour certains enfants et jeunes d’aller au bout de leur scolarité n’est plus uniquement due à des problèmes financiers. Pour toujours mieux accompagner nos bénéficiaires, la volonté était donc de développer une prise en charge spécifique et de donner aux responsables régionaux, devenus travailleurs sociaux depuis 2018, des outils pour leur permettre d’accompagner chacun de nos bénéficiaires au plus près de leurs réalités et des préoccupations de leurs familles. L’objectif final étant de limiter le décrochage et l’abandon scolaire.
J’ai donc formé une équipe de travailleurs sociaux, tous cambodgiens. La première étape était de créer une dynamique d’équipe permettant à chaque travailleur social de trouver sa place et d’être un vrai support de réflexion autour des situations qu’ils rencontrent lors de leurs missions. Les réunions mensuelles sont, par exemple, devenues de vrais temps de réflexion, qui permettent de croiser les regards sur les situations rencontrées afin de dégager des axes d’intervention. L’infirmière et la conseillère d’orientation participent dorénavant également à ces réunions, ce qui permet d’avoir un regard supplémentaire lorsque nous abordons les problèmes de santé ou de scolarité.
Mes premiers mois passés au Cambodge pendant lesquels j’ai notamment fait beaucoup de missions avec les travailleurs sociaux, m’ont permis de commencer à comprendre les problématiques du pays. La problématique du décrochage et de l’abandon scolaire reste très importante. Aujourd’hui il me semble que cette problématique est davantage liée au manque d’éducation dans certaines familles, aux troubles de l’apprentissage et à la difficulté de se projeter dans l’avenir pour beaucoup de jeunes. C’est en raison de ces difficultés qu’il me paraît intéressant de développer un
accompagnement socio-éducatif, le décrochage scolaire étant de moins en moins en lien avec la question financière. Pour mieux accompagner nos bénéficiaires, il nous faut donc travailler avec les familles et les écoles notamment. Notre mission doit donc être de pouvoir articuler ces différents espaces qui composent la vie d’un enfant afin qu’ils puissent comprendre l’importance de l’éducation et de la scolarité.
Les réalités du Cambodge changent à une vitesse très impressionnantes, le paysage est en perpétuelle évolution. Ces opportunités malheureusement apportent également leurs lots d’inégalités. Enfants d’Asie a, je pense, son rôle à jouer dans ce nouveau Cambodge, il nous faut faire évoluer nos actions. Le travail social au Cambodge est très récent, les premières formations de travailleurs sociaux n’ont guère plus de 10 ans. Il reste donc tout à créer de ce côté pour répondre aux problématiques d’une société qui se transforme si rapidement que de nouveaux défis à relever sont crées en permanence. Il y a notamment un manque cruel de soutien aux enfants vivant dans des environnements peu stimulants ou développant des troubles de l’apprentissage (dyslexie, dyscalculie…) qui sont de réels freins à la réussite scolaire.