Témoignage de Xiengyan, parent de bénéficiaire et chef du village de Namkhong, dans le nord du pays; interviewé par Jade Triandafyllo, notre coordinatrice locale au Laos.
Xiengyan, devant sa maison, avec sa famille
Quel est le rôle de chef de village au Laos ?
Ici à Namkhong, nous sommes cinq chefs de villages. Comme je suis le plus ancien, si nous avons du mal à être d’accord, c’est moi qui suis chargé de prendre la décision finale. Chaque chef de village a une fonction précise. Moi je suis responsable de la justice. S’il y a des litiges dans une famille, nous nous réunissons et nous essayons de régler le problème ensemble.
Combien de personnes y a-t-il dans votre famille ? Comment vivez-vous ?
Nous sommes cinq dans ma famille. Je vis avec ma femme et mes trois enfants. Les enfants nous aident pendant le week-end, parce que la semaine ils sont à l’école. Beaucoup de parents préfèrent que les enfants arrêtent l’école pour venir les aider aux champs.
Vos enfants vont à l’école ?
Oui ! Je préfère qu’ils aillent à l’école pour apprendre. Parfois des familles confient leur enfant à une autre famille en ville pour faire des études supérieures. Soit les enfants réussissent, soit ils reviennent au village pour aider aux champs.
Et vous, que vont faire vos enfants ?
Mes filles sont en primaire et au collège et mon fils en terminale. Vous nous avez parlé d’un projet étudiant*, peut-être qu’il aura la chance de continuer à faire ses études à Vientiane. Ce serait mon rêve et le sien aussi ! J’ai mis de l’argent de côté pour l’aider mais ça ne suffisait pas. J’aimerais bien qu’il travaille pour le gouvernement ou comme instituteur. Comme ça il est certain de gagner de l’argent tous les mois et il pourra s’occuper de sa famille.
Vous aimeriez que vos enfants reviennent au village après leurs études ?
C’est bien pour le village mais s’ils gagnent plus d’argent ailleurs alors il vaut mieux rester ailleurs. Puis quand moi et ma femme on sera trop vieux, il y en aura au moins un ou deux qui reviendront s’occuper de nous, enfin j’espère {rires} !
Qu’est-ce que vous pensez de ce projet étudiant ? Et d’Enfants d’Asie ?
Ce projet est une grande chance pour nous. Le problème est que quand les enfants ne partent pas étudier et qu’ils restent au village. Ils se marient alors très tôt et les filles tombent enceintes très jeunes aussi. On sait qu’à Vientiane tout le monde travaille, tous les enfants font des études et nous aussi on aimerait voir nos enfants partir ! C’est juste que nous n’avons pas l’argent. Si Enfants d’Asie peut nous aider à faire ça, on sera très heureux et reconnaissants. Enfant d’Asie a déjà fait beaucoup de choses pour le village de Namkhong. L’association, avec le gouvernement, vient souvent nous voir et discuter avec nous. Il y a aussi les jeunes français** qui viennent pour nous aider à construire nos potagers par exemple. Quand j’ai commencé à être chef de village ici, les salles de classes étaient en bambou et très abîmées. Mais Enfants d’Asie nous a aidé et a construit beaucoup de choses pour améliorer l’école. Nous sommes très heureux de travailler tous ensemble. Merci beaucoup !